Bataille de Courtrai (ou des Éperons d'or) 1302 • Bas Moyen Âge
Découverte de la bataille
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Bataille de Courtrai (ou des Éperons d'or)

Bas Moyen Âge Défaite française
Importance historique :

Résumé

Le 11 juillet 1302, la chevalerie française subit une défaite humiliante et historique face aux milices flamandes à Courtrai, dans une bataille qui marque un tournant dans l'art de la guerre médiévale. L'armée française, forte d'environ 8 000 hommes dont 2 500 chevaliers lourdement armés, commandée par Robert II d'Artois, affronte environ 9 000 miliciens flamands menés par Guillaume de Juliers et les chefs communaux Pieter de Coninck et Jan Breydel. La bataille se déroule sur un terrain marécageux traversé par la Lys et des fossés, où les Flamands ont préparé des positions défensives. Les charges de cavalerie française échouent face aux pieux défensifs et au terrain détrempé. Les chevaliers, désarçonnés et enlisés, sont massacrés par l'infanterie flamande. Robert II d'Artois est tué, et les Flamands récupèrent près de 700 éperons dorés sur les cadavres des chevaliers, donnant à la bataille son nom de 'Bataille des Éperons d'or'. Cette défaite marque la première grande victoire de l'infanterie urbaine sur la chevalerie féodale en Europe occidentale.

Contexte historique

La bataille de Courtrai s'inscrit dans le contexte de la révolte des villes flamandes contre l'autorité française. En mai 1302, les Matines de Bruges voient le massacre de la garnison française et des partisans du roi dans la ville. Les milices urbaines de Bruges, Gand et Ypres se soulèvent contre l'occupation française et rétablissent le comte Gui de Dampierre (bien qu'il soit toujours captif). Philippe IV le Bel envoie une armée punitive commandée par Robert II d'Artois pour écraser la rébellion. L'armée française, confiante en sa supériorité, marche vers Courtrai où les Flamands se sont retranchés. Les milices flamandes, composées d'artisans et de commerçants, ont appris de leur défaite à Arques (1298) et ont développé des tactiques défensives. Elles choisissent un terrain marécageux traversé par la Lys et des fossés, où elles creusent des tranchées et plantent des pieux défensifs. Les Flamands sont déterminés à défendre leur autonomie et leur prospérité économique contre l'annexion française. La bataille s'inscrit aussi dans le contexte plus large de la lutte entre les villes commerçantes et la monarchie centralisatrice.

Déroulement et tactiques

La bataille de Courtrai illustre l'efficacité de la défense en profondeur de l'infanterie contre la cavalerie lourde. Les Flamands choisissent un terrain marécageux traversé par la Lys et des fossés, où ils établissent une position défensive solide. Ils creusent des tranchées et plantent des pieux pointus (goedendags) pour briser les charges de cavalerie. Les milices sont organisées en formations serrées (phalanges) avec des piquiers en première ligne et des arbalétriers en soutien. Les Flamands utilisent aussi des armes spécifiques : le goedendag, un bâton ferré avec une pointe, efficace contre les chevaux et les chevaliers désarçonnés. La bataille commence par des escarmouches d'arbalétriers, puis les Français lancent plusieurs charges de cavalerie. Mais le terrain marécageux ralentit les chevaux, et les pieux défensifs brisent les charges. Les chevaliers désarçonnés, lourds et encombrés par leur armure, sont piégés dans la boue et massacrés par l'infanterie flamande. Les Flamands contre-attaquent et encerclent les survivants français. La coordination et la discipline des milices flamandes, supérieures à celles d'Arques, permettent de résister aux charges et de lancer des contre-attaques efficaces. La bataille démontre l'importance du choix du terrain, de la préparation défensive, et de la discipline de l'infanterie face à la cavalerie lourde. Les Flamands ont appris de leur défaite à Arques et ont adapté leurs tactiques, tandis que les Français ont sous-estimé leurs adversaires et n'ont pas adapté leur stratégie.

Conséquences

La défaite de Courtrai est un choc majeur pour la monarchie française et un triomphe pour les villes flamandes. Les pertes françaises sont énormes : 6 000 à 7 000 morts, dont de nombreux chevaliers de haut rang (Robert II d'Artois, Raoul de Nesle, connétable de France, et de nombreux barons). La Flandre échappe au contrôle français et conserve son autonomie pendant plusieurs années. La bataille a des conséquences militaires révolutionnaires : elle démontre que l'infanterie bien organisée et disciplinée peut vaincre la cavalerie lourde, même en rase campagne. Cette leçon influencera les batailles futures, notamment celles de la guerre de Cent Ans. Pour la France, la défaite révèle les limites de la chevalerie face à une infanterie déterminée et bien préparée. Philippe IV doit accepter une trêve avec la Flandre, mais prépare une revanche qui aboutira à la bataille de Mons-en-Pévèle en 1304. Pour la Flandre, la victoire renforce le sentiment d'identité communale et l'autonomie des villes. La bataille devient un symbole de la résistance flamande et est commémorée chaque année. Militairement, Courtrai annonce l'évolution de la guerre médiévale vers une plus grande importance de l'infanterie et des armes de jet, préfigurant les victoires anglaises de la guerre de Cent Ans.

Localisation

Lieu : Courtrai, comté de Flandre (aujourd’hui Belgique)
Coordonnées : 50.8309°N, 3.2649°E
Localisation – Courtrai, comté de Flandre (aujourd’hui Belgique)