Bataille de Mortemer

Au cours de l’hiver 1053-1054, Henri Ier de France et Geoffroy Martel d’Anjou envahissent la Normandie pour affaiblir Guillaume le Bâtard. Tandis que le roi assiège Arques, un corps français conduit par Odon de Champagne, Renaud de Clermont et Guy de Ponthieu campe près de Mortemer. Dans la nuit du 6 février, Robert de Mortain, Robert d’Eu et Hugues de Gournay surprennent ce contingent : les Normands incendient le camp, bousculent la cavalerie royale et capturent de nombreux barons, contraignant le roi à lever le siège d’Arques.

La coalition capétienne-angevine cherche à profiter de la minorité passée de Guillaume pour briser la puissance normande. L’armée royale est divisée en colonnes pour ravager simultanément l’Hiémois et le Talou. Guillaume confie la défense du secteur de Mortemer à des chevaliers locaux qui connaissent parfaitement le terrain boisé et vallonné, tandis que lui-même surveille le roi autour d’Arques. Cette dispersion offre l’occasion d’un coup de main contre le corps détaché français.

Les chefs normands organisent un raid nocturne combinant incendie du camp pour créer la panique et charges successives de cavalerie lourde sur les issues de la vallée. Les Français, surpris dans leurs tentes, ne parviennent pas à se mettre en ordre de bataille : une partie est détruite dans le chaos, l’autre se réfugie dans l’abbaye voisine avant de se rendre faute de vivres. L’effet de surprise et la coordination entre seigneurs locaux permettent de neutraliser un corps numériquement supérieur.

La capture de Guy de Ponthieu, de Renard de Clermont et d’autres seigneurs prive Henri Ier de précieux alliés et ruine la campagne franco-angevine. Guillaume renforce son prestige auprès des barons normands et peut négocier la libération des prisonniers contre serment de ne plus reprendre les armes. La défaite de Mortemer dissuade le roi de lancer de nouvelles offensives majeures jusqu’en 1057.