Bataille d’Héraclée

À la mi-août 1101, les contingents menés par Guillaume IX d’Aquitaine, Étienne de Blois et Hugues de Vermandois sont surpris près d’Héraclée de Cappadoce : contraints de traverser une gorge étroite, ils sont encerclés par Kilij Arslan et ses alliés danishmendides. Après deux jours de combat harcelant, les colonnes croisées cèdent, la cavalerie est isolée et l’armée est quasiment anéantie, seule une poignée de seigneurs atteignant l’asile byzantin de Germanicée.

Cette première armée de la croisade de 1101 avait pris Ancyre avec l’appui byzantin avant de se lancer vers la Cilicie, espérant rejoindre Bohémond prisonnier et dégager Antioche. Les chefs ignorent la disparition des éclaireurs turcs et progressent sans cohésion à travers les contreforts du Taurus, épuisés par la chaleur et la pénurie de fourrage. Kilij Arslan, reconstitué après 1097, coordonne ses cavaliers avec l’émir de Danishmend pour occuper les cols autour d’Héraclée et couper les points d’eau.

Kilij Arslan alterne feintes de retraite et harcèlement incessant : des archers montés maintiennent un rideau de flèches tandis que des groupes plus lourds coupent l’arrière-garde et saisissent les convois. Lorsque la cavalerie occidentale charge, les Turcs se dispersent puis referment la nasse dans les ravins. Les Francs, privés d’eau, tentent de former un camp retranché, mais les incendies allumés par les Turcs et la perte du bétail provoquent la rupture de la ligne et la capture massive des chevaliers.

La destruction de ce premier contingent provoque la mort d’Hugues de Vermandois et la fuite honteuse d’Étienne de Blois, dont la réputation est irrémédiablement atteinte. Les Seldjoukides récupèrent armes, montures et rançons considérables, s’assurant le contrôle des plateaux d’Anatolie. La nouvelle de la débâcle, transmise à Constantinople, entame la confiance entre les croisés suivants et l’empereur Alexis Ier, qui hésite à fournir de nouveaux guides.