Bataille de Hattin

Les 3 et 4 juillet 1187, l’armée de Guy de Lusignan quitte Séphorie pour secourir Tibériade assiégée. Déviée vers les collines volcaniques dites 'cornes de Hattin', elle subit deux jours de harcèlement, perd ses réserves d’eau et voit ses carrés d’infanterie rompus par des charges ayyoubides. Le 4 juillet au matin, la bannière de la Vraie Croix est capturée, Guy, Renaud de Châtillon et Gérard de Ridefort tombent aux mains de Saladin et le camp croisé est submergé.

Le royaume de Jérusalem est fracturé entre partisans de Guy et du comte de Tripoli. Saladin profite de cette division en assiégeant Tibériade, propriété de la comtesse Eschive, forçant Guy à décider s’il doit sauver la ville ou préserver l’ost. Malgré les mises en garde de Raymond III, le roi marche en plein été avec douze mille à quinze mille hommes, peu de cavalerie légère et des convois chargés. Saladin a préalablement incendié les pâturages, occupé les sources de Turan et disposé ses contingents autour des hauteurs de Hattin.

Saladin étire les colonnes franques par un harcèlement continu d’archers montés et par l’incendie des broussailles, obligeant les croisés à bivouaquer sans eau. Au matin du 4 juillet, il installe ses lignes en demi-cercle : infanterie et archers fixent l’aile gauche franque, tandis que la cavalerie lourde kurde et mamelouke charge l’aile droite, repoussant les chevaliers vers les pentes. Une dernière contre-charge menée par Raymond est canalisée vers un corridor ouvert pour être laissée filer, isolant le reste de l’armée qui est encerclée puis capturée.

La noblesse du royaume est anéantie : la plupart des chevaliers des ordres du Temple et de l’Hôpital périssent ou sont exécutés, et seules quelques garnisons conservent des effectifs. Saladin s’empare ensuite d’Acre, de Naplouse, de Jaffa et de Jérusalem (octobre 1187), ne laissant aux Francs que Tyr. L’émotion suscitée en Occident entraîne la prédication de la Troisième croisade par Grégoire VIII, l’engagement de Philippe II, Richard Cœur de Lion et Frédéric Barberousse, et une profonde remise en cause des stratégies défensives franques.