Bataille d’Ancyre

En septembre 1101, le dernier corps occidental commandé par Guillaume II de Nevers quitte Ancyre ignorant le désastre de Mersivan ; au troisième jour de marche, alors qu’il descend vers la plaine de Sangarios, Kilij Arslan l’intercepte, coupe le train de bagages et cerne les chevaliers bourguignons. Malgré plusieurs regroupements sur une colline, la colonne est disloquée et seuls quelques rescapés atteignent Sinope avant d’être rapatriés par mer.

Ce contingent avait servi d’arrière-garde logistique à la croisade de 1101 et transportait reliques, pèlerins et bétail. Les guides byzantins refusent de quitter Ancyre par crainte des représailles turques, obligeant les croisés à se fier à des informateurs arméniens. Kilij Arslan, désormais maître du plateau après ses victoires d’août, suit leurs mouvements et installe des détachements sur les cols boisés qui dominent la route d’Ancyre à Gangra, prêt à frapper dès que la colonne s’étire pour franchir les vallées.

Comme à Mersivan, les Seldjoukides combinent harcèlement et encerclement : des archers montés balayent les ailes pendant que des détachements lourds s’emparent du convoi et privent les Francs d’eau. Les chevaliers tentent des charges successives pour dégager le chemin, mais les Turcs utilisent les ravins pour masquer des contre-attaques en ciseaux, isolent les bannières et abattent les montures à distance. La formation piétonne, improvisée autour des chariots, cède sous les incendies et la pluie de flèches, ouvrant la voie au massacre final.

L’anéantissement du corps bourguignon clôt définitivement la croisade de 1101 : aucune force organisée ne subsiste pour tenter de dégager Bohémond ou d’appuyer Antioche. Guillaume de Nevers retourne en Europe avec un maigre cortège, rapportant l’ampleur du désastre et dissuadant les princes occidentaux de nouvelles expéditions terrestres immédiates. Kilij Arslan consolide son contrôle des routes intérieures, rançonne les prisonniers de marque et impose aux Byzantins de nouvelles concessions commerciales.