Bataille de Tizi Ouzou

En mai 1928, un soulèvement local éclate dans les montagnes autour de Tizi Ouzou, en Kabylie, alimenté par la répression fiscale, l’expropriation des terres et l'humiliation des structures traditionnelles berbères. Plusieurs villages se joignent au mouvement. L’armée française intervient rapidement avec des colonnes motorisées, de l’artillerie de montagne et un appui aérien. Les insurgés résistent pendant plusieurs jours dans les gorges et forêts, avant d’être défaits à proximité du col de Tirourda. Cette bataille, bien que peu connue, reflète l’instabilité chronique de la domination coloniale dans les régions montagneuses algériennes.

Depuis la fin du XIXe siècle, la Kabylie reste une zone de tensions constantes entre l’administration coloniale française et les populations berbères. La politique d’assimilation, les réquisitions agricoles et les atteintes aux structures tribales nourrissent un fort ressentiment. Le soulèvement de 1928 est l’un des derniers grands mouvements collectifs armés de l’entre-deux-guerres dans cette région. Il intervient aussi dans un contexte de montée des revendications anticoloniales en Afrique du Nord.

L’armée française mobilise plusieurs compagnies de tirailleurs et de spahis, progressant à pied dans les vallées étroites. Les rebelles utilisent le relief accidenté pour tendre des embuscades, couper les lignes de ravitaillement et ralentir la progression. Des attaques nocturnes et des feux croisés depuis les crêtes provoquent des pertes. L’armée utilise l’artillerie de montagne pour déloger les tireurs embusqués, puis engage l’aviation légère pour repérer les replis. Après avoir isolé les principaux groupes rebelles, une série de charges coordonnées et de bombardements forcera leur reddition.

La répression du soulèvement kabyle de 1928 est brutale : plusieurs villages sont incendiés, des dizaines de notables sont emprisonnés ou déportés. Le commandement français impose de lourdes amendes collectives et accélère la confiscation de terres tribales. Toutefois, cette victoire militaire ne fait que renforcer la défiance envers la présence française. Elle annonce la radicalisation progressive du nationalisme algérien, notamment dans les cercles urbains kabyles qui se développeront dans les années 1930.