
Bataille de Tizi N’Tirghist
Résumé
Le 15 mai 1922, l’armée française lance une offensive contre les positions rifaines tenues sur les hauteurs de Tizi N’Tirghist. Il s’agit d’une opération destinée à reprendre l’initiative et à sécuriser les routes de communication entre les zones sous mandat français. L’affrontement se déroule dans un terrain extrêmement escarpé, favorable aux défenseurs rifains. Malgré l’engagement de l’aviation et de l’artillerie, les troupes françaises peinent à progresser. Le combat s’enlise et, après plusieurs jours de résistance rifaine, la position reste contestée.
Contexte historique
À la suite de la catastrophe espagnole d’Anoual en 1921, la France redoute un débordement de l’insurrection rifaine vers sa propre zone de contrôle. Dès 1922, les premières offensives françaises visent à contenir l’expansion d’Abdelkrim et à démontrer la puissance coloniale française. Tizi N’Tirghist est un verrou stratégique entre la plaine de Taza et les montagnes rifaines. Abdelkrim y installe des fortins, guetteurs et routes défensives. Pour l’état-major français, il devient impératif de frapper avant que le Rif ne fédère d’autres tribus.
Déroulement et tactiques
L’assaut est mené en plusieurs vagues depuis les cols du sud, avec artillerie de montagne, unités de choc légionnaires, et appui de reconnaissance aérienne. Les Rifains appliquent une tactique d’embuscade mobile, harcèlent les lignes de ravitaillement et encerclent temporairement plusieurs unités. L’armée française tente d’utiliser ses pièces d’artillerie sur les crêtes, mais le terrain les rend difficilement exploitables. Après plusieurs jours de pertes importantes et sans percée décisive, l’offensive est suspendue et les positions restent contestées.
Conséquences
Cette bataille marque le premier véritable contact de grande envergure entre l’armée française et les troupes d’Abdelkrim. Bien qu’aucune victoire décisive ne soit obtenue, elle révèle à l’état-major français la redoutable efficacité tactique des Rifains. Elle conduit à une révision de la stratégie coloniale dans le Rif, avec la mise en place d’une guerre d’usure, l’augmentation massive des effectifs et le recours accru à l’aviation et aux bombardements. Politiquement, elle légitime dans la presse française un engagement plus massif contre le ‘péril rifain’.