Bataille de Taounza

Le 10 août 1922, les forces françaises lancent une attaque en direction de Taounza, dans l'objectif de sécuriser la vallée d’Amekrane et de repousser les forces rifaines vers le nord. La bataille, très disputée, oppose des troupes françaises bien équipées mais confrontées à un terrain difficile à des unités rifaines tenaces, parfaitement implantées sur les hauteurs. Après de violents combats de position, les Français réussissent à prendre les crêtes à la tombée de la nuit. C’est l’un des premiers succès tactiques notables depuis le début des affrontements franco-rifains.

Après l’échec partiel de Tizi N’Tirghist, les autorités militaires françaises accélèrent les opérations contre Abdelkrim afin d’éviter une extension du soulèvement. Taounza, située entre la zone espagnole effondrée et la ligne française de Taza, devient une position clef. L’émir rifain tente d’y établir une ligne défensive pour bloquer l’avance française. Lyautey, prudent, autorise une offensive locale coordonnée, destinée à tester les capacités ennemies et à desserrer la pression sur les tribus loyalistes.

Les Français adoptent une progression lente par vallées, encadrée par l’artillerie légère et soutenue par des reconnaissances aériennes. L’attaque principale se fait par infiltration nocturne sur le flanc ouest. Les Rifains utilisent des techniques de camouflage et de harcèlement mobile. Les affrontements culminent en milieu de journée par une contre-attaque rifaine qui menace l’aile droite française, stoppée in extremis par les tirs croisés d’une batterie bien positionnée. La maîtrise du terrain en fin de journée permet aux troupes coloniales de tenir Taounza.

La victoire de Taounza permet aux Français de contrôler une partie stratégique du Rif oriental. C’est aussi une victoire psychologique qui redonne confiance aux troupes métropolitaines et coloniales après une série d’engagements incertains. Militairement, elle ouvre la voie à l’installation de nouveaux postes avancés vers le cœur du Rif. Politiquement, elle légitime l’envoi de renforts importants dans les mois suivants. Abdelkrim, bien que battu, retire ses troupes en bon ordre et se prépare à une guerre plus étendue, ce qui aboutira à l’escalade de 1924.