
Bataille de Suwayda
Résumé
Du 20 au 22 novembre 1925, la France lance une vaste offensive pour reprendre la ville de Suwayda, capitale du Jabal al-Druze et cœur de l’insurrection. Malgré un assaut initial réussi, les troupes françaises sont encerclées lors de la contre-offensive druze. Une retraite précipitée est ordonnée après de lourdes pertes. C’est l’un des revers militaires les plus sévères de la campagne, qui renforce la légitimité de Sultan al-Atrash et prolonge la guerre de plus d’un an.
Contexte historique
Suwayda, symbole du pouvoir druze et centre logistique de l’insurrection, est prioritaire pour le commandement français. Après la destruction de plusieurs villages druzes et la bataille de Damas, l’état-major pense qu’une démonstration de force au cœur du Jabal al-Druze achèvera la révolte. Mais les chefs druzes, expérimentés et soutenus par la population, préparent une défense en profondeur. L’erreur française est de croire à une bataille classique, alors qu’ils affrontent une guérilla mobile et déterminée.
Déroulement et tactiques
Le plan français repose sur une triple avancée depuis l’ouest, le nord et le sud, avec une concentration de feux sur Suwayda. L’aviation bombarde les approches pendant deux jours. Le 21, la Légion étrangère parvient à pénétrer dans la ville. Mais la nuit suivante, des unités druzes, informées des itinéraires logistiques, coupent les lignes de ravitaillement. Le 22, une embuscade générale contraint les troupes françaises à battre en retraite sous le feu, laissant morts et matériels derrière elles.
Conséquences
La défaite de Suwayda est un tournant dans la révolte syrienne. Elle retarde de plusieurs mois le retour du contrôle français dans le sud du pays. Elle crédibilise la cause druze à l’échelle panarabe et fait de Sultan al-Atrash une figure de la résistance anti-coloniale. À Paris, l’état-major est profondément divisé. Certains réclament des négociations, d’autres une guerre totale. Militairement, elle conduit à un redéploiement des troupes françaises vers Deraa et à une stratégie de pression progressive par encerclement et bombardement rural.