Bombardement de Sanya

Le 7 février 1932, la marine française bombarde le port de Sanya, dans le sud de l’île de Hainan, en riposte à des tirs essuyés par des navires français de commerce et aux provocations de troupes nationalistes chinoises dans la concession française. L'opération, bien que brève, montre la volonté de Paris de préserver ses intérêts en Asie du Sud-Est face à la montée du Kuomintang et au désordre politique local. Elle s’inscrit dans un contexte régional tendu marqué par les ambitions japonaises en Mandchourie et les fragilités du pouvoir chinois.

Depuis la fin des années 1920, la France conserve des positions économiques et navales en Asie, notamment en Indochine et à Hainan. L’île de Hainan devient un point stratégique en mer de Chine méridionale. Des milices affiliées au Kuomintang commencent à perturber les réseaux français et britanniques. Après plusieurs incidents fin janvier 1932, dont la capture temporaire d’un navire français, Paris décide d’une démonstration de force visant à dissuader de futures intrusions et à réaffirmer sa présence navale dans la région.

Le croiseur Lamotte-Picquet se présente à l’entrée du port de Sanya à l’aube. Après sommation restée sans réponse, il ouvre le feu sur les batteries côtières, les entrepôts logistiques, et plusieurs concentrations de troupes visibles à l’aide de l’observation aérienne. L’aviso Tahure couvre le flanc sud. Un détachement de fusiliers marins effectue un débarquement symbolique pour s’emparer de documents et saboter des installations portuaires. L'opération dure moins de 8 heures, avec retrait rapide avant riposte organisée des forces chinoises.

La France réaffirme temporairement sa capacité d’action navale en mer de Chine, mais le bombardement de Sanya est vivement critiqué par les nationalistes chinois et amplifie les tensions diplomatiques. Il marque aussi l'une des dernières manifestations classiques de la 'diplomatie de la canonnière' française en Asie. Politiquement, il renforce le sentiment anti-occidental dans la région. Il n’empêche pas la montée du Japon, qui prend l’ascendant stratégique dès le mois suivant avec la conquête de Shanghai.