
Bataille de Qanawat
Résumé
Les 10 et 11 décembre 1925, les troupes françaises lancent une offensive pour sécuriser Qanawat, site sacré et point stratégique dans le massif druze. L’attaque vise à couper les lignes de communication rebelles entre Suwayda et les villages du nord. Malgré une progression initiale soutenue par l’aviation, les forces françaises rencontrent une résistance farouche dans les ravins boisés. Les affrontements virent à la guerre de position. Le village est brièvement occupé, mais la retraite française est précipitée par l’extension des combats.
Contexte historique
Qanawat est un haut lieu spirituel druze et une position fortifiée naturelle. Après l’échec de Suwayda, le haut commandement français tente d’affaiblir le cœur logistique de la résistance en attaquant par vagues concentriques les villages du massif. Mais la géographie complexe, les réseaux de tunnels traditionnels et la solidarité locale offrent aux insurgés un avantage tactique. L’état-major espère une victoire rapide et visible pour justifier les renforts envoyés depuis le Maroc et l’Algérie.
Déroulement et tactiques
L’attaque commence à l’aube par un bombardement aérien intensif, visant les zones supposées abriter les chefs rebelles. Les unités coloniales progressent par trois axes à travers les ravins et bois autour de Qanawat. Les druzes utilisent la végétation et les murets pour tendre des embuscades, harceler les colonnes et désorganiser les communications. Des cavaliers druzes attaquent les lignes arrière. Le combat devient confus, avec de nombreuses pertes dues à des tirs amis et des pièges explosifs rudimentaires.
Conséquences
L’échec relatif de Qanawat démontre l’impasse militaire dans laquelle s’enfonce l’armée française au Levant. L’opinion métropolitaine commence à s’émouvoir du coût humain et moral de cette répression. Sur le terrain, les rebelles gagnent en confiance, multipliant les raids dans la plaine de Deraa. La France doit réorganiser son dispositif en divisant le Jabal al-Druze en secteurs à encercler méthodiquement. Le général Sarrail sera bientôt remplacé par le général Henri de Jouvenel, dans une tentative d’adopter une stratégie plus politique.