Bataille de Nikolaïev

En mai 1919, alors que l’intervention française en Russie touche à sa fin, Nikolaïev devient l’ultime point de résistance alliée dans le sud ukrainien. Les forces franco-grecques tentent de tenir la ville industrielle et portuaire face à une offensive soviétique massive. Après quatre jours de combats acharnés, les Alliés sont contraints à l’évacuation. La ville tombe, marquant la fin effective de la présence militaire française en Russie du Sud.

Nikolaïev, centre de construction navale et arsenal stratégique sur la mer Noire, est occupée par les troupes franco-grecques depuis janvier 1919. L’hostilité locale, la progression soviétique et les tensions croissantes dans les rangs alliés annoncent une issue défavorable. L’Armée rouge lance une offensive coordonnée depuis le nord et l’est, utilisant des unités mécanisées, de l’aviation légère et l’agitation politique locale. Les forces françaises et grecques, en infériorité numérique et matérielle, tentent de défendre les rives du Boug et les chantiers navals.

Les défenseurs établissent des lignes autour des faubourgs nord et de la zone portuaire. La flotte fluviale française (petites canonnières et patrouilleurs) tente de contrôler les accès du fleuve, tandis que l’artillerie grecque assure la couverture terrestre. Les Soviétiques percent les défenses par une série d’assauts simultanés appuyés par une aviation tactique embryonnaire. Le moral allié s’effondre rapidement, certains éléments russes blancs désertent. L’ordre d’évacuation est donné le 17 mai, avec des navires sabordés pour éviter leur capture.

La chute de Nikolaïev clôt brutalement l’engagement militaire français sur le front sud de la guerre civile russe. C’est la dernière grande bataille terrestre livrée par les forces françaises dans cette intervention. Elle provoque des remous politiques en France, où les soldats rapatriés témoignent de la confusion, de l’hostilité locale et de l’absence d’objectifs clairs. Cette défaite hâte le retrait total de la France d’Odessa et de la Crimée. Stratégiquement, elle confirme la mainmise bolchevique sur le sud de l’Ukraine et la déroute des Alliés occidentaux dans le conflit russe.