
Bataille de Navarin (Seconde offensive de Champagne)
Résumé
La bataille de Navarin, ou seconde offensive de Champagne, est une tentative de diversion menée par le général Gouraud afin de soulager la pression sur Verdun. Le massif de Navarin, théâtre de combats déjà sanglants en 1915, est à nouveau ciblé par une offensive limitée mais intense. Malgré une préparation d’artillerie massive et des tentatives d’infiltration dans les lignes allemandes, les gains sont minimes. La résistance ennemie, la difficulté du terrain (champagnes crayeuses bouleversées par les obus) et l’absence de réelle surprise tactique rendent l’opération inefficace à grande échelle. Toutefois, elle permet de fixer les forces allemandes et d’empêcher le redéploiement vers Verdun ou la Somme.
Contexte historique
Après l’échec de la première offensive de Champagne en 1915, l’état-major français cherche en 1916 à lancer des actions secondaires pour soulager Verdun et soutenir les Britanniques sur la Somme. Gouraud, amputé d’un bras mais toujours à la tête de la 4e armée, organise une attaque coordonnée sur le massif de Navarin et le secteur de Tahure. L’objectif est de percer localement les lignes allemandes fortement tenues, avec l’appui d’une artillerie dense. Cette offensive s’inscrit dans une logique de guerre d’usure et de dispersion des forces ennemies, plutôt que de percée décisive. La zone est choisie pour sa valeur stratégique (plateaux d’observation) et symbolique (haut lieu des combats de 1915).
Déroulement et tactiques
La bataille s’ouvre par une préparation d’artillerie massive, notamment avec des canons de 155 et 220 mm, visant à désorganiser les lignes allemandes sur un front de 12 km. L’infanterie française est lancée par vagues successives, souvent à la baïonnette, sous un feu nourri de mitrailleuses ennemies bien protégées. Des unités spéciales (compagnies d’assaut, grenadiers) sont envoyées pour réduire les blockhaus. Des infiltrations de nuit sont tentées pour éviter les tirs croisés en plein jour. Malgré des succès ponctuels, notamment autour de la Butte du Mesnil et du Mont Cornillet, les troupes françaises sont contenues et subissent de lourdes pertes pour des gains dérisoires. L'utilisation de l’aviation de reconnaissance et d’observation d’artillerie se généralise dans cette phase.
Conséquences
La bataille de Navarin n’apporte aucun bouleversement stratégique mais participe à l’usure progressive de l’armée allemande. Elle démontre une fois de plus l’inefficacité des offensives frontales sur des lignes fortifiées sans innovation tactique majeure. Le courage des troupes françaises, notamment les tirailleurs et zouaves, est salué, mais les pertes sont jugées disproportionnées au regard des résultats. L’opération contribue cependant à maintenir la pression continue sur les Allemands à l’échelle du front Ouest. Le monument de Navarin, érigé après-guerre, symbolise le sacrifice des soldats dans cette région de Champagne marquée à jamais par les combats de 1914–1918.