Bataille de al-Musayfirah

Le 17 septembre 1925, les forces françaises attaquent al-Musayfirah, village stratégique de la plaine du Hauran, contrôlé par les insurgés depuis juillet. L’opération est conçue comme une démonstration de force pour reprendre l’initiative militaire. Après une avancée méthodique appuyée par l’aviation et l’artillerie, les troupes coloniales reprennent le village. Les combats sont intenses et s’achèvent par l’occupation du centre. À l’issue de la bataille, les Français exécutent sommairement plusieurs centaines de prisonniers, provoquant un choc dans tout le Proche-Orient.

Après les humiliantes défaites de Salkhad et al-Kafr, les autorités mandataires françaises cherchent une victoire symbolique rapide. Al-Musayfirah, position centrale dans le Hauran, est utilisée par les rebelles comme centre de commandement secondaire. Sa reconquête est donc une priorité pour Sarrail. Les troupes françaises, renforcées par des unités venues d’Afrique du Nord, sont équipées pour une opération d’envergure. L’état-major veut frapper fort pour briser l’élan de la révolte.

L’attaque commence avant l’aube avec un bombardement aérien ciblé, suivi d’un tir de barrage d’artillerie. Trois colonnes d’infanterie progressent simultanément à travers les vergers encerclant le village. La résistance druze est féroce, avec usage de tranchées, tireurs embusqués et défense maison par maison. Les spahis coupent les voies de retraite, piégeant plusieurs centaines de combattants. En fin de journée, les troupes françaises investissent entièrement la zone. Les prisonniers sont rassemblés dans la mosquée avant d’être fusillés par représailles.

La victoire d’al-Musayfirah permet à la France de redorer son prestige militaire après deux mois de revers. Mais la brutalité de la répression choque l’opinion régionale et renforce la détermination des insurgés. Sur le plan stratégique, la France sécurise la route entre Deraa et Suwayda, stabilisant partiellement le front sud. Toutefois, l’ampleur des exécutions fait basculer la révolte dans une guerre plus radicale, plus populaire, et plus longue que prévue. À Paris, les débats se polarisent sur la légitimité de la violence coloniale.