
Combats du Mort-Homme et de la Côte 304
Résumé
Les combats du Mort-Homme et de la Côte 304, sur la rive gauche de la Meuse, sont parmi les plus sanglants et symboliques de Verdun. Après l’échec de la percée initiale allemande sur la rive droite, le commandement allemand tente de contourner la défense française par l’ouest, visant à prendre Verdun à revers. Du 6 mars au 30 mai, les sommets du Mort-Homme (cote 295) et de la Côte 304 deviennent le théâtre d’attaques et de contre-attaques ininterrompues : chaque mètre carré est disputé au prix du sang. L’artillerie, déployée à une échelle jamais vue, rase littéralement le paysage : les collines sont nivelées, les forêts anéanties, le sol criblé de cratères et saturé de cadavres. Les divisions françaises tiennent coûte que coûte, malgré la faim, la soif, la boue, le gaz et la fatigue extrême. Le secteur du Mort-Homme devient un enfer de feu, d’acier et de boue, immortalisé par la devise 'Ils ne passeront pas'. Les assauts allemands, menés avec acharnement et appuyés par des troupes d’élite, échouent à percer : la défense française résiste héroïquement, infligeant de lourdes pertes à l’ennemi et empêchant l’encerclement de Verdun.
Contexte historique
Après la surprise initiale de Verdun (février), les Allemands comprennent que seule une manœuvre sur la rive gauche permettra de briser la résistance française. Le Mort-Homme et la Côte 304, deux hauteurs stratégiques dominant la plaine de la Meuse, sont érigés en bastions fortifiés par l’artillerie et l’infanterie françaises. Les Allemands engagent d’immenses moyens : artillerie lourde, Minenwerfer, unités de pionniers, usage massif du gaz. Le terrain, d’abord boisé et vallonné, est transformé en un paysage lunaire par l’intensité des bombardements (parfois 80 000 obus/jour). Les lignes se déplacent sans cesse : les Allemands s’emparent temporairement du Mort-Homme et de la Côte 304, mais les contre-attaques françaises (notamment de la 129e DI, des 38e et 39e DI, des régiments coloniaux) rétablissent le front. Le ravitaillement se fait sous le feu, les pertes sont telles que les divisions sont relevées tous les 8 à 10 jours. La légende du Mort-Homme se forge dans la souffrance et la résistance acharnée.
Déroulement et tactiques
Les combats alternent bombardements d’artillerie, attaques de masse, coups de main nocturnes, guerre de mines et usage intensif de grenades. Les Allemands cherchent à 'effacer' les défenses par le feu, puis à lancer des assauts d’infanterie appuyés par les flammes et les gaz. Les Français défendent chaque tranchée, chaque boyau, multipliant les points d’appui isolés, les refuges souterrains et les barrages d’artillerie défensive. Les contre-attaques françaises, souvent improvisées mais d’une extrême bravoure, sont menées à la baïonnette, parfois sans appui. Les sapeurs creusent des abris dans la craie et la boue. La coordination artillerie-infanterie devient essentielle, avec des signaleurs, des pigeons voyageurs et les premières téléphonies de campagne. Les conditions sanitaires sont épouvantables : blessés abandonnés dans les trous d’obus, cadavres impossibles à enterrer, soif et maladies.
Conséquences
La résistance du Mort-Homme et de la Côte 304 est l’un des tournants de la bataille de Verdun. En empêchant l’ennemi de percer sur la rive gauche, les Français sauvent Verdun d’un encerclement certain. La bravoure des soldats, leur ténacité malgré l’horreur, entrent dans la légende nationale. Les pertes, immenses, traumatisent toute une génération : régiments entiers anéantis, villages rayés de la carte. Ces combats marquent l’évolution de la doctrine défensive française, l’importance de l’artillerie, la nécessité d’un roulement intensif des troupes et la solidarité du front et de l’arrière. Le secteur du Mort-Homme reste, aujourd’hui encore, un symbole de sacrifice, commémoré par de nombreux monuments et ossuaires. La devise 'On ne passe pas' s’ancre dans la mémoire collective française, associée à la résistance de Verdun.