
Bataille de Monastir (Bitola)
Résumé
La bataille de Monastir marque le point culminant de la campagne de Macédoine en 1916. De septembre à novembre, les troupes franco-serbes, renforcées par des Britanniques, Russes, Italiens et Grecs, lancent une grande offensive contre les forces bulgares et germano-ottomanes. Après de durs combats dans les montagnes (Dobro Pole, Crna Reka), les Alliés percent le front bulgare, forçant la retraite ennemie. Le 19 novembre, les Français et Serbes entrent triomphalement à Monastir (Bitola), première grande ville des Balkans reprise à la Triple Alliance. La prise de Monastir constitue une victoire morale et stratégique pour l’armée d’Orient et pour la Serbie, dont la reconquête commence. Les combats ont été d’une extrême âpreté : montagnes, pluie, froid, mitrailleuses, attaques de nuit, artillerie et aviations alliées se sont illustrées. Monastir, pilonnée, est en ruines mais le front d’Orient sort renforcé de la victoire.
Contexte historique
Après l’évacuation de la Serbie en 1915 et l’installation du front de Salonique, les Alliés préparent une grande offensive pour dégager la Serbie, repousser les Bulgares et menacer la Macédoine. Sarrail regroupe plus de 200 000 hommes, dont une majorité de Français et de Serbes, épaulés par des unités russes, italiennes, britanniques, grecques et coloniales (Tirailleurs, Sénégalais, Malgaches). Les Bulgares, renforcés par des Allemands, des Ottomans et des Austro-Hongrois, tiennent des positions fortifiées dans la montagne (Baba Planina, Dobro Pole, vallée de la Crna). Les combats sont menés dans des conditions épouvantables : froid, pluie, ravitaillement difficile, tranchées dans la boue, attaques de nuit. L’artillerie française, bien supérieure, joue un rôle décisif pour briser les lignes bulgares. Les combats pour Florina, Dobro Pole, la vallée de la Crna et enfin Monastir, sont acharnés, les pertes lourdes. La population civile souffre des combats, de la famine et des destructions.
Déroulement et tactiques
L’offensive commence en septembre par des attaques coordonnées de la 11e armée française (Leblois) et des Serbes sur Dobro Pole et la vallée de la Crna. L’artillerie prépare le terrain, puis l’infanterie s’infiltre dans les lignes bulgares, exploitant les failles et repoussant les contre-attaques. Les combats sont souvent menés de nuit, dans la montagne, à la grenade, à la baïonnette, et dans des conditions météorologiques extrêmes. Les avions français et britanniques bombardent les lignes ennemies et soutiennent l’artillerie. Après la percée du 12 septembre, les Alliés poursuivent leur avance, franchissant la Crna et encerclant Monastir. Les Bulgares et Allemands opposent une résistance acharnée mais reculent, menacés d’encerclement. La ville est pilonnée, puis investie par les Français et les Serbes le 19 novembre, tandis que les derniers défenseurs fuient vers le nord.
Conséquences
La prise de Monastir constitue la première grande victoire alliée dans les Balkans depuis 1914. Elle redonne espoir à la Serbie et à ses alliés, permet la libération d’un vaste territoire et prouve la capacité de l’armée d’Orient à mener une guerre de mouvement victorieuse. Le front d’Orient se stabilise temporairement sur la rivière Crna, mais les Alliés consolident leurs positions. Sur le plan tactique, la victoire valide la coopération interalliée (Français, Serbes, Russes, Britanniques), le rôle de l’artillerie lourde et de l’aviation, et l’efficacité des attaques en montagne. Sur le plan politique, Monastir symbolise le retour de la Serbie sur la scène militaire. Les pertes, lourdes de part et d’autre, marquent la brutalité des combats balkaniques. Monastir, en ruines, restera sous contrôle allié jusqu’à la fin de la guerre. L’opération assoit la réputation de Sarrail et valorise le rôle des troupes coloniales françaises et des alliés des Balkans.