
Bataille d'al-Mazraa
Résumé
La bataille d’al-Mazraa est le plus grand affrontement militaire de la révolte syrienne. Pensant écraser définitivement l’insurrection, le général Michaud lance une expédition massive contre les forces druzes retranchées près de Suwayda. Mais le terrain accidenté, la chaleur accablante, et surtout la mobilité des cavaliers druzes prennent en défaut la lente colonne française. L’attaque vire au désastre. Les insurgés remportent une victoire éclatante qui galvanise toute la Syrie et marque un tournant dans le soulèvement.
Contexte historique
Après des escarmouches en juin-juillet 1925, Paris autorise l’usage de la force pour « rétablir l’ordre ». Le général Michaud organise une offensive écrasante contre les druzes. L'état-major français sous-estime gravement la détermination des rebelles, croyant qu’une démonstration de puissance suffira à disperser les tribus. Mais les chefs druzes, notamment Sultan al-Atrash, préparent des embuscades et utilisent leur connaissance du terrain pour piéger les colonnes motorisées françaises dans les vallées rocailleuses d’al-Mazraa.
Déroulement et tactiques
L’armée française progresse en plusieurs colonnes appuyées par chars et artillerie. Les druzes laissent volontairement les avant-postes être pris, puis attaquent sur les flancs et les arrières, isolant les unités. Leur cavalerie mobile frappe à revers pendant que des tireurs embusqués stoppent la progression frontale. L’aviation française ne parvient pas à repérer les mouvements rapides des rebelles. En fin de journée, plusieurs sections françaises sont encerclées, les chars sont mis hors d’usage ou capturés. La retraite est chaotique.
Conséquences
La défaite d’al-Mazraa choque profondément le gouvernement français. Elle transforme un soulèvement local en rébellion nationale. La victoire druze provoque des soulèvements dans tout le Levant, y compris à Damas, Homs et Alep. Elle renforce le prestige de Sultan al-Atrash, reconnu comme chef de guerre et héros panarabe. Militairement, la France doit revoir toute sa stratégie. Elle remplace Michaud par Sarrail, renforce massivement le corps expéditionnaire, et entame une guerre longue d’usure, combinant bombardements aériens, occupation village par village, et propagande.