
Première bataille de la Marne
Résumé
La première bataille de la Marne constitue le tournant majeur de la campagne de 1914 : alors que Paris est menacée, les armées françaises et britanniques, profitant d’une faille ouverte dans le dispositif allemand, contre-attaquent avec une énergie désespérée. Sur plus de 200 km de front, des centaines de milliers d’hommes s’affrontent dans des conditions extrêmes : marches forcées, combats de villages, attaques à la baïonnette, duels d’artillerie et replis de fortune. L’engagement le plus célèbre reste la 'manœuvre des taxis de la Marne', où des milliers de soldats parisiens sont amenés en urgence sur le front. Jour après jour, la pression alliée s’intensifie : la 6e armée de Maunoury attaque l’aile droite allemande près de l’Ourcq, la 5e de Franchet d’Espèrey enfonce le centre, tandis que Foch résiste héroïquement sur la route de Châlons. L’avance allemande s’enraye, puis recule partout, cédant le terrain dans la panique. La victoire de la Marne sauve Paris, stoppe le plan Schlieffen et anéantit l’espoir d’une guerre courte.
Contexte historique
Après la 'bataille des frontières' et la grande retraite d’août, les armées alliées sont au bord de la rupture. Joffre, aidé par Gallieni (gouverneur militaire de Paris), prépare une contre-offensive générale, profitant de l’épuisement logistique allemand, des erreurs de coordination (écart entre la 1re et 2e armée allemande) et de la détermination du commandement français. L’enjeu est total : la perte de Paris signifierait la fin de la guerre. Toute la nation française, civile et militaire, participe à l’effort : les taxis de la Marne deviennent le symbole du sursaut national. Les forces allemandes, à bout de souffle après des semaines de marche, ne peuvent exploiter leur supériorité initiale et sont submergées par la riposte alliée.
Déroulement et tactiques
Joffre organise une manœuvre d’ensemble : l’aile gauche (Maunoury) attaque l’Ourcq pour fixer la 1re armée allemande, la 5e armée (Franchet d’Espèrey) effectue une contre-attaque puissante au centre, tandis que la BEF (British Expeditionary Force) progresse entre les deux. Sur la rive droite de la Marne, Foch et Langle de Cary stabilisent le front par des défenses improvisées et des contre-attaques locales. L’artillerie de campagne française, soutenue par les célèbres canons de 75, joue un rôle décisif en brisant les assauts ennemis. Les mouvements de troupes sont coordonnés de nuit, avec le soutien des taxis de la Marne pour amener 6 000 hommes de renfort en urgence. Jour après jour, les attaques françaises, d’abord locales, deviennent une offensive massive, exploitant la désorganisation allemande. Après une semaine de combats acharnés, les Allemands battent en retraite sur l’Aisne.
Conséquences
La victoire de la Marne sauve la France d’une défaite foudroyante, brise le mythe de l’invincibilité allemande et marque l’échec du plan Schlieffen. Paris est sauvée, le moral allié est galvanisé et la guerre de mouvement cède brutalement la place à la guerre de position : les deux armées se ruent vers la mer dans la 'course à la mer', creusant les premières tranchées. La bataille est payée au prix fort : plus de 250 000 pertes totales, un choc psychologique inouï pour les deux camps. Sur le plan stratégique, elle annonce la longue guerre d’usure à venir. La Marne reste dans la mémoire nationale comme le symbole du salut de la Patrie par l’héroïsme collectif et l’audace du commandement.