
Bataille de Kherson
Résumé
Après avoir pris le contrôle de Kherson en décembre 1918, les forces franco-grecques y sont stationnées dans un contexte de plus en plus hostile. Le 11 mars 1919, l’Armée rouge lance une vaste offensive coordonnée sur Kherson. Malgré une défense acharnée, les forces françaises sont rapidement dépassées par le nombre et la puissance de feu soviétique. Après plusieurs jours de combats urbains, les Alliés doivent évacuer sous le feu, abandonnant la ville aux bolcheviks. Cet épisode, peu connu en France, est l’un des revers les plus nets de l’intervention en Russie.
Contexte historique
Kherson est, avec Odessa, l’un des principaux ports de la mer Noire contrôlés par les Alliés dans leur tentative de soutien aux Russes blancs. Isolées, mal ravitaillées, et peu soutenues politiquement, les troupes françaises subissent une usure morale. La population locale est hostile à leur présence et influencée par la propagande soviétique. Dans ce contexte instable, les Soviétiques coordonnent une offensive puissante depuis Nikolaïev et la rive gauche du Dniepr, profitant de la désorganisation alliée pour encercler la ville.
Déroulement et tactiques
La défense de Kherson repose sur une série de points fortifiés dans la ville et autour du port, avec appui d’artillerie navale et quelques blindés improvisés. Les Soviétiques emploient une stratégie d’encerclement progressif, coupant les voies de ravitaillement et bombardant les lignes alliées. Des infiltrations civiles et des soulèvements locaux entravent la défense intérieure. Malgré quelques contre-attaques françaises bien menées, les troupes sont contraintes à une retraite vers le port et une évacuation d’urgence par mer.
Conséquences
La perte de Kherson scelle l’échec de la France à maintenir une tête de pont stable en Ukraine. La bataille symbolise la fin de l’illusion d’une intervention victorieuse en Russie. Elle déclenche une vague de démoralisation dans les unités françaises, plusieurs mutineries et défections. Elle précipite aussi la décision de Clemenceau de désengager progressivement les troupes françaises du front russe. Sur le plan géopolitique, elle alimente la méfiance soviétique durable envers la France, vue comme une puissance impérialiste venue interférer dans les affaires russes.