
Combats du Hartmannswillerkopf (1916)
Résumé
Le Hartmannswillerkopf, ou Vieil Armand, est le théâtre d’une guerre d’usure et de position féroce tout au long de 1916. Sommet stratégique dominant la plaine d’Alsace, il voit s’opposer Français et Allemands dans des combats de tranchées, de mines, de raids et de contre-attaques incessants. Les deux camps cherchent à contrôler ce point d’observation et d’artillerie, d’où l’on surveille Mulhouse, Colmar et la route de Belfort. Les offensives, bombardements et attaques de sape se succèdent, pour des gains de quelques mètres, sous la neige ou dans la boue des pentes. Malgré d’immenses sacrifices, aucun camp ne parvient à prendre un ascendant décisif. Le Hartmannswillerkopf devient un symbole du martyre alpin de la Grande Guerre, marqué par des ossuaires et des vestiges encore visibles aujourd’hui.
Contexte historique
Depuis fin 1914, le massif du Hartmannswillerkopf fait l’objet de luttes acharnées pour le contrôle de l’Alsace. En 1915, les offensives françaises y sont particulièrement sanglantes (notamment en décembre). En 1916, la stratégie change : le front se fige, mais la guerre de mines, les attaques de nuit, les bombardements et les escarmouches s’intensifient. Le sommet, entièrement ravagé, est hérissé de réseaux de barbelés, de tranchées, de blockhaus et de postes d’observation. Les conditions sont extrêmes : froid glacial, humidité, brouillard, exiguïté des abris et isolement. Les unités engagées incluent des chasseurs alpins, des zouaves, des tirailleurs algériens, sénégalais et des régiments badois ou wurtembergeois côté allemand. Les deux armées rivalisent d’ingéniosité pour renforcer la position, creuser abris, galeries et boyaux, tout en maintenant la pression par des raids et des tirs de harcèlement.
Déroulement et tactiques
La guerre de montagne au Hartmannswillerkopf se caractérise par des attaques limitées, des bombardements d’artillerie, des coups de main nocturnes, des explosions de mines souterraines et des combats à la grenade et à la baïonnette dans des conditions extrêmes. Les Français alternent phases de défense (consolidation des lignes, réparations d’urgence après chaque bombardement) et attaques localisées (prise de blockhaus, contre-attaques pour reprendre un sommet ou une corniche perdue). Les Allemands adoptent des tactiques similaires, utilisant mitrailleuses, mortiers et lance-flammes lors des assauts. L’artillerie joue un rôle central, chaque sommet ou repli de terrain servant de point de tir ou de repère pour le réglage. Les communications sont difficiles (lignes téléphoniques sans cesse coupées), le ravitaillement ardu (mulets, porteurs, corvées sous le feu). Les pertes par éclats, éboulements, maladies ou froid sont très élevées.
Conséquences
Les combats du Hartmannswillerkopf en 1916 n’apportent aucun gain stratégique décisif, mais symbolisent l’extrême violence de la guerre de position et la difficulté de la guerre en montagne. Le sommet, totalement bouleversé, devient un 'champ de mort', jonché d’éclats d’obus, de restes de tranchées et d’abris effondrés. Les soldats des deux camps gardent un souvenir effrayant de ce secteur, qui hante la mémoire militaire des unités alpines françaises et badoises/allemandes. Après 1916, les attaques majeures cessent, le sommet restant une 'zone neutre' défendue avec acharnement jusqu’en 1918. Hartmannswillerkopf reste aujourd’hui un haut-lieu de mémoire nationale, avec un grand mémorial, un cimetière militaire et un musée, rappelant le sacrifice des combattants des deux nations. Sur le plan tactique, la guerre de montagne du Hartmannswillerkopf inspire la doctrine française pour les offensives alpines et pyrénéennes ultérieures.