
Bataille de Fromelles
Résumé
La bataille de Fromelles est l’une des offensives les plus meurtrières et inutiles de 1916. Prévue comme diversion pour soulager la pression allemande sur la Somme, elle engage la 5e division australienne, des unités britanniques et un appui français limité. Après un intense bombardement d’artillerie, les troupes alliées attaquent les lignes allemandes solidement fortifiées près de Fromelles. Mal préparée et mal coordonnée, l’offensive échoue en quelques heures : les Australiens et Britanniques sont décimés par les mitrailleuses et l’artillerie ennemies, incapables de progresser au-delà du no man’s land. Les Français, qui tiennent l’extrémité sud du front d’attaque, n’engagent que des coups de main et subissent des pertes limitées. Fromelles devient, surtout pour l’Australie, le symbole du 'baptême du feu' et d’un massacre absurde, avec 5 500 pertes en une seule nuit.
Contexte historique
À la mi-juillet 1916, le commandement allié cherche à détourner des réserves allemandes du front de la Somme. Fromelles, au nord de Lille, est choisi comme secteur d’attaque secondaire, malgré la solidité des défenses allemandes (positions en béton, nids de mitrailleuses, barbelés en profondeur). Les Australiens, récemment arrivés sur le front ouest, sont lancés dans l’offensive sans expérience des conditions de la guerre de tranchées européenne. L’état-major britannique, sous Haking, surestime les effets du bombardement et ordonne l’assaut frontal. Les Français, sur l’aile gauche, limitent leur participation à des actions de diversion. Le terrain, détrempé et criblé d’obus, rend toute progression difficile et la coordination interalliée reste minimale.
Déroulement et tactiques
L’attaque commence le soir du 19 juillet par un bombardement massif, censé neutraliser les tranchées allemandes. Les vagues d’infanterie s’élancent à la tombée de la nuit : elles sont aussitôt prises sous le feu croisé des mitrailleuses et de l’artillerie allemande, qui déciment les assaillants dans le no man’s land. Quelques éléments parviennent à pénétrer dans les tranchées adverses, mais sont rapidement isolés et anéantis par les contre-attaques allemandes. Les communications, coupées, empêchent toute coordination des renforts. L’artillerie alliée, mal réglée, frappe parfois ses propres troupes. Les tentatives de relève et d’évacuation des blessés échouent : des centaines de soldats restent coincés entre les lignes, mourant sous le feu ou dans la boue. Les Français, sur leur portion de front, pratiquent des tirs d’artillerie et quelques incursions limitées, évitant le carnage total.
Conséquences
Fromelles est un échec cuisant pour les Alliés : aucune avancée n’est réalisée, le front reste inchangé et les pertes sont effroyables, notamment pour la 5e division australienne, qui perd en une nuit 20% de ses effectifs. L’épisode marque durablement la mémoire nationale australienne et britannique comme l’un des symboles du sacrifice absurde de la Grande Guerre. Les Français, moins engagés, en tirent des enseignements sur la nécessité d’une meilleure préparation et coordination des attaques interalliées. Sur le plan tactique, Fromelles accélère la réflexion sur les assauts de tranchée, la nécessité du renseignement et la coordination interarmes. Les pertes massives, les nombreux disparus et l’identification posthume des soldats (notamment lors des fouilles modernes du site) font de Fromelles un haut-lieu de mémoire pour le Commonwealth.