
Bataille de Charleroi (Bataille de la Sambre)
Résumé
La bataille de Charleroi, aussi appelée bataille de la Sambre, est l’un des plus grands affrontements du début de la Grande Guerre. La 5e armée française du général Lanrezac s’établit sur la Sambre, près de Charleroi, avec la mission de contenir l’offensive allemande et de soutenir l’aile gauche britannique. Mal préparées, les divisions françaises subissent d’emblée le choc d’une attaque allemande massive, précédée d’un bombardement d’artillerie ininterrompu et de multiples franchissements de la rivière. Les combats sont d’une intensité inouïe : villages pris et repris, barrages héroïques sur les ponts de la Sambre, engagement massif de l’artillerie lourde allemande, et terribles combats de rues à Charleroi, Gozée, Tamines ou Fosse. L’avance allemande, coordonnée et appuyée par des réserves intactes, finit par percer les lignes françaises. L’état-major de Lanrezac, débordé, ordonne la retraite pour éviter l’encerclement, laissant derrière lui des milliers de morts et de prisonniers.
Contexte historique
La bataille s’inscrit dans la 'bataille des frontières', alors que le plan Schlieffen allemand vise à envelopper les armées alliées par le nord. Lanrezac, conscient du danger, plaide en vain auprès du GQG français pour un repli prudent, mais il doit tenir la position en attendant la jonction avec les Britanniques (BEF). L’armée allemande, mieux coordonnée et disposant d’une puissance de feu supérieure, déclenche l’offensive sur tout le front Sambre–Meuse. Le moral des troupes françaises est mis à rude épreuve : c’est leur première confrontation avec la guerre industrielle moderne, et la surprise tactique allemande (ponts de bateaux, artillerie lourde, infiltrations par les bois) s’avère décisive.
Déroulement et tactiques
Les Français déploient leurs divisions en défensive le long de la Sambre, fortifiant villages et ponts, mais les communications déficientes empêchent toute manœuvre souple. Les Allemands exploitent la supériorité de leur artillerie lourde et de leurs moyens de franchissement, combinant attaques frontales, mouvements de flanc et percées en profondeur. Les tentatives de contre-attaque françaises, courageuses mais désordonnées, sont brisées par les barrages d’obus et les tirs croisés de mitrailleuses. Plusieurs bataillons français sont encerclés et anéantis. Lanrezac ordonne le repli général le 23 août pour éviter la destruction totale de son armée, couvrant la retraite du BEF sur Mons.
Conséquences
La défaite de Charleroi est une catastrophe stratégique pour la France : elle laisse la voie libre à l’enveloppement allemand par le nord et entraîne la retraite précipitée de toute l’aile gauche alliée. Les pertes humaines sont effroyables (plus de 40 000 tués, blessés ou disparus français en trois jours). Le traumatisme est tel que la confiance dans le haut commandement s’effrite, et la réputation de Lanrezac, bien qu’il ait sauvé son armée d’un désastre total, reste controversée. Sur le plan stratégique, cette bataille ouvre la route de Paris aux Allemands, qui croient alors à une victoire rapide – mais la résistance et la cohésion des unités en retraite préparent la riposte décisive de la Marne. La mémoire de Charleroi est marquée par le sacrifice et l’endurance des troupes françaises face à une offensive d’une violence inédite.