
Bataille de la crête de Florina (offensive de la Cerna)
Résumé
La bataille de la crête de Florina (offensive de la Cerna) est l’une des grandes opérations du front d’Orient en 1916. À partir du 17 août, les troupes franco-serbes, appuyées par des Russes, des Britanniques et des unités africaines, lancent une offensive pour dégager la région de Florina et forcer le repli bulgaro-allemand. Les combats sont féroces dans les montagnes, sous la pluie et la canicule, et voient la prise de plusieurs sommets stratégiques (Banitsa, Kajmakčalan). Les Alliés percent les lignes bulgares, permettant la libération de Florina le 18 septembre et la poursuite de l’avance vers Monastir. L’offensive de la Cerna brise la résistance bulgare sur le secteur sud et prépare la victoire de Monastir à l’automne.
Contexte historique
Après la stabilisation du front de Salonique, l’état-major allié veut reconquérir la Macédoine et soulager la Serbie. Sarrail concentre d’importants moyens : divisions françaises (notamment la 156e DI, Tirailleurs, Sénégalais), serbes (régiments reconstitués, vétérans de la retraite de 1915), Russes et Britanniques. Les Bulgares, secondés par des Allemands et des Ottomans, tiennent les hauteurs autour de Florina, Banitsa et la vallée de la Cerna. Les Alliés doivent franchir des massifs escarpés, progresser sous le feu de mitrailleuses et d’artillerie, et affronter des conditions climatiques extrêmes. La bataille voit l’introduction de l’aviation d’appui et de la guerre de montagne moderne. La prise de la crête de Banitsa (27 août) et de Kajmakčalan (30 septembre, au prix de 5 000 pertes serbes) ouvre la route de Monastir.
Déroulement et tactiques
Les Alliés préparent l’offensive par un bombardement d’artillerie ciblé, puis engagent l’infanterie par vagues, en particulier les régiments de chasseurs alpins, de tirailleurs et d’infanterie serbe. La progression se fait mètre par mètre, à la grenade et à la baïonnette, dans des ravins, sur des éboulis et à travers des réseaux de fils de fer barbelé. L’artillerie lourde française et la couverture aérienne facilitent les assauts contre les sommets fortifiés. Les Bulgares, bien retranchés, opposent une défense acharnée, multipliant les contre-attaques et les tirs croisés. La libération de Florina et de Banitsa, suivie de la prise de Kajmakčalan, brise la ligne ennemie. Les communications sont difficiles, le ravitaillement ardu, et l’évacuation des blessés rendue périlleuse par le terrain.
Conséquences
La victoire de la crête de Florina libère une partie stratégique de la Macédoine, permet la jonction franco-serbe, et accélère l’effondrement bulgare sur le front sud. Les troupes alliées, épuisées mais victorieuses, poursuivent vers Monastir, capturée deux mois plus tard. Les pertes sont lourdes, mais l’effet psychologique sur la Serbie et ses alliés est considérable. L’opération consacre l’efficacité de la coopération interalliée en montagne, le rôle de l’artillerie et de l’aviation. Les populations civiles subissent destructions, exodes et famine, et les villages de la région restent marqués par les combats. La bataille de la Cerna reste un épisode majeur de la mémoire militaire franco-balkanique et sera commémorée tout au long du XXe siècle.